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et marmotant parles rues. On disoit que ce faisoit-il par le conseil de sa mere, [ afin de faire croire au peuple qu'il étoit fort dévot et catholique,] pour mieux fouiller aux bourses des bourgeois de Paris. Mais le peuple de Paris, encore qu'il soit fort aisé de lui imposer en telles matieres où il y va de la religion, n'en fit point de cas. Sur quoy fut publié ce pasquil :
Le Roy, pour avoir de l'argent, A fait le pauvre et l'indigent,
Et l'hipocrite ; Le grand pardon il a gagné : Au pain, à l'eau, il a jeûné
Comme un hermite. Mais Paris, qui le connoist bien, Ne voudra plus lui prester rien
A sa requeste ; Car il en a ja tant presté, Qu'il a de lui dire arresté :
« Allez en queste. »
Les premiers jours de septembre, fut affiché et semé au Louvre et ailleurs un long placard intitulé 1*Evangile des longs vêtus. Il étoit fait contre ceux de la justice, ausquels on en vouloit fort, et qu'on disoit, par leur connivence, ouvrir peu à peu la porte à ceux qui ne demandoient qu'à lui faire vio­lence.
En ce même tems, courut à Paris sous le nom du peuple, plus volage que les girouettes de leurs clochers, et qu'on fait parler comme les orgues, un placard con­tenant les titres suivans :
Henri, par la grace de sa mere^ inerte roy de France et de Pologne imaginaire, concierge du Lou­vre, marguillier de Saint-Germain-V Auxerrois, bas-
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